Sky' + L'avenir m'intéresse, c'est là que j'ai l'intention de passer les prochaines années

C’est en début d’année, soit le second jour du mois de Janvier, que les premiers cris de Skylar retentissaient. Né durant les premières minutes de cette nouvelle journée, Lawton en Oklahoma était encore endormie. L’hôtel n’était pas habitué à de telles arrivées surprises, ses parents n’ayant pas eu le temps de se diriger vers l’hôpital le plus proche. Retour de fêtes, les taxis n’étaient pas nombreux à travailler, d’autant plus de nuit. Le petit garçon semblait pourtant en pleine forme et ce n’est pas les tympans de ses parents qui auraient dit le contraire.

Enroulé dans une petite couverture aux tons sombres, il se trouvait dans les bras sécurisés de son père, sa mère se remettant peu à peu de ses émotions. Dans l’attente de l’ambulance, qui les conduirait à la maternité la plus proche, le couple réalisait seulement qu’ils étaient devenus famille et plus précisément parents. Quelques jours en hôpital, plus pour la forme que par nécessité et déjà que les trois Hogarth reprenaient la route. Bercé dans son siège-auto, le petit Skylar ne fut pas grand témoin des voyages de ses parents, du moins durant les premiers mois de sa vie, et même durant les premières années. Ce n’était pas faute de moyen pour s’installer, mais soif de découverte. Une vie qui convenait parfaitement à l’enfant qui grandissait assez vite. Deux années de passées et un petit frère tout neuf, tout petit, né dans des circonstances presque similaires. Une pause de quelques jours, seul en compagnie de son père, Skylar était aux anges. Il avait son papa pour lui tout seul, même si ça ne durerait pas bien longtemps. Nouvelle sortie d’hôpital et nouveau voyage. Encore et encore.

Les déménagements rythmaient sa petite vie, jusqu’à ce qu’il eut environ huit ans. C’est vers cet âge-là que ses parents décidèrent de se poser. Ou plutôt, que son père l’imposa au restant de la famille. Parce qu’il était comme ça le papa, un vrai dur à cuire, qui a toujours eu tendance à décider pour les siens. Mais Skylar ne s’en vexait pas. Il était même ravi d’avoir enfin sa chambre rien qu’à lui, ses jouets à ne plus savoir qu’en faire. Et puis surtout, il pouvait partir tranquillement à la chasse avec son père, qui l’avait initié quelques années plus tôt déjà. Il faisait toujours tout pour passer le plus de temps possible en la compagnie de Ragnar. Ce dernier n’était pas bien présent la plupart du temps et ce n’était pas lui qui réclamait quelques minutes à son fils. Alors, déjà très intelligent, c’est le petit Sky qui s’imposait de lui-même.

A peine la cloche de l’école retentissait, qu’il se hâtait de se rendre au magasin de chasse de son père ou bien dans le garage où il s’adonnait à la mécanique. C’est aussi de cette façon qu’il plongea les mains dans un moteur, apprenant rapidement les bases. Il faisait toujours tout pour lui plaire et même pour lui ressembler.

Prêt à tout pour briller aux yeux de son père, le début d’adolescence ne fut pas simple. Ce dernier mettait la barre bien trop haute et le pauvre Skylar se rendait bien compte que son frère avait beaucoup plus de chance de ce côté-là. Le jalousant, sans vraiment comprendre que c’était simplement une histoire de caractère. Le plus jeune des deux frères avait pour habitude d’encaisser sans broncher, de dire oui à tout et de se plier aux quatre volontés de leur père. Ce qui n’était pas le cas de Skylar et de son petit caractère bien trempé. Il se rebella plusieurs fois, juste par jalousie et rien de plus. Mais il se heurta le plus souvent à un mur ou prit des corrections sûrement mérités. Le dialogue se rompit petit-à-petit entre père et fils. Sky ne cherchait plus l’approbation de Ragnar et ne se hâtait plus de le rejoindre non plus. Il se contentait de trainer le soir, après les cours.

Au lycée, il n’était pas bien imprégné dans les cours, commençant à mal tourner. De drogue en baston, c’était devenu un petit délinquant, qui se faisait respecter en cassant des nez, la plupart du temps. Un petit dur qui marchait sur les traces de son père, alors qu’il désirait s’en écarter le plus possible. Peut-être était-ce simplement dans les gènes.

Sa mère tomba malade et par peur de la voir souffrir, il s’enferma sur lui-même, se disant qu’elle s’en remettrait. Il la fuyait, par pure lâcheté. Et quand elle succomba dans son combat contre la fin, Skylar regretta très vite de ne pas avoir été présent, ne serait-ce pour lui dire au revoir. Il devait vivre seulement sous la coupe de son père à présent et les coups de gueule n’étaient pas rare entre eux. Puis vint toute cette merde. Les informations, pour le peu qu’il en ait vu, parlaient toujours d’attaques. Au départ, Skylar pensait réellement à une mauvaise blague. Comment se douter que le jeu Resident Evil, auquel il jouait souvent, était devenu une maudite réalité ? Mais il a dû vite ouvrir les yeux sur la réalité des faits. En très peu de temps, quasiment tout le monde était touché par cette merde. Et tout n’a pas été une partie de plaisir. Le jeune garçon s’est même fait attaquer par plusieurs rôdeurs. Il aurait pu y laisser sa vie, c’était même ce qu'il avait pensé à un moment, mais c’est son père qui est venu à son secours, les tuant tous.

Depuis, père et fils sont en fuite et Skylar a bien été forcé de ravaler sa fierté pour lui obéir. C’est vrai que Ragnar n’a pas bon caractère, qu’il est brute de décoffrage et pas toujours de bonne compagnie, mais c’est son père et il lui a sauvé la vie. Alors quoiqu’il en dise, Sky’ tente de renouer un lien entre eux, parce qu’après tout, il n’a plus que lui et son frère au monde.

De caractère, Skylar est un adolescent difficile. Il a été prit dans l’engrenage de la drogue, mais n’a jamais osé l’avouer à son père. Forcé de diminuer sa consommation, par manque de moyen et de produit, il est toujours sur la défensive, de peur que son secret soit découvert. Il a un caractère rentre dedans et ne mâche pas ses mots, ce qui le met souvent en conflit avec Ragnar. Mais dans le fond, ce n’est qu’un gamin, qui a parfois besoin d’entendre que son père est fier de lui et qu’il fait de bonnes choses. Sauf que si les relations parents enfants c’était simple, ça se saurait.